Musée de la résistance en ligne (2025)

Le déclenchement de l’insurrection

Genre : Son

Type : Disque

Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Format d’origine : 33 tours. Durée : 00 :03 :14. Durée totale du 33 tours : face A : 00 :12 :40s - face B : 00 :15 :56s.

Date document : 1962

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Ce disque 33 tours a été réalisé à partir de la bande enregistrée, mise gracieusement à disposition de l’Amicale des anciens d’Eysses, après avoir été diffusée par Europe 1 dans l’émission « La Marche du Siècle ». Les textes sont de Claude Dufresne et le récitant est Julien Bertheau. Les témoignages ont été recueillis à l’occasion d’une cérémonie sur les lieux par Jean-Pierre Chapel.

A Eysses, les détenus politiques sont sur le qui vive, impatients d’agir, mués par une force collective rodée et efficace qui a déjà permis en décembre 1943 de triompher des GMR et des plans de Vichy. Après débat, la direction du Collectif se range derrière le plan proposé par le commandant Bernard : saisir la première occasion pour se rendre maître de la centrale de l’intérieur, puis avertir la résistance extérieure après maîtrise du central téléphonique.L’occasion saisie est la venue d’un inspecteur général dans la prison. La décision d’une inspection de la centrale résulte d’un ordre général de la direction des Services pénitentiaires en date du 29/12/1943 où il est spécifié que la maison centrale d’Eysses doit être inspectée par priorité, après les Trois Glorieuses. Elle fait partie de l’ordre de service de l’inspecteur général Breton (qui n’était pas allé à Eysses depuis 1937) pour la tournée de 1944, et est connue des détenus dès décembre (un message clandestin datant de mi décembre du Comité directeur aux Electriciens fait état« de l’inspection à venir »). Tout laisse à penser que la prise d’otage fait partie du plan initial coordonné avec la résistance extérieure et n‘ait pas été une solution de repli. Mais l’action intérieure doit être désormais d’autant plus efficace que les détenus doivent agir sans appui extérieur.La date exacte de l’inspection n’est connue des détenus qu’au dernier moment peut-être le matin même, et il est probable qu’il y ait eu au dernier une modification de date qui expliquerait que l’action s’engage alors qu’aucune des forces promptes à porter un soutien extérieur aux prisonniers ne soit prévenue à temps du déclenchement imminent de l’action.

Dans cet extrait le narrateur commence par dresser un état de l’armement dont disposent les détenus et explique pourquoi cette insurrection est déclenchée ce jour-là, 19 février 1944. Il raconte l’arrivée de l’inspecteur général dans le préau 1, le signal lancé par un détenu et le déclenchement immédiat des opérations. Cette narration introductive est suivie d’une reconstitution de l’arrivée de Schivo et de ses accompagnants dans le chauffoir du préau 1 et de leurs captures par les résistants.


Auteur : Fabrice Bourrée
D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu,La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Contexte historique

Le 19 février 1944, Eysses est le théâtre d'uneambitieuse tentative d'évasion collective(de mille deux cents détenuspolitiques). Ce jour-là, alors qu'un inspecteur général effectuait une visitedans la centrale, les détenus saisissentl'occasion pour le prendre en otage, ainsi que le directeur milicien del'établissement, Joseph Schivo, et quelques membres du personnel, au moment oùceux-ci pénétraient dans le chauffoir du préau 1. Le plan, préparé depuisplusieurs semaines par l'état-major clandestin des détenus, consistait às'emparer des gardiens et à se rendre maitre de la centrale en silence. Entre14h, heure de la capture de l'inspecteur et du directeur au préau 1, et 17h,les détenus progressent, en silence, jusqu'au bâtiment administratif, capturantet ligotant les surveillants au fur et à mesure de leur avancée.

Cependant, l'alerte est donnée vers 17 heures parune corvée de droits communs de retour dans la détention. Alerté par des coupsde feu, la garde extérieure met alors en batterie des armes automatiques auxfenêtres des bâtiments d'entrée donnant sur la cour d'honneur et commence àouvrir le feu sur les locaux de détention. Les groupes de choc, formés enparticulier d'Espagnols bénéficiant de l'expérience du combat à la faveur de laguerre civile, après avoir sommé en vain les GMR des tourelles de les laissersortir, tentent, à plusieurs reprises, de franchir les murs de l'enceinteextérieure en attaquant le mirador nord-est à la grenade. Certains détenus atteignentles toits, tirent à coups de mitraillette sur les gardes, pendant que d'autres,protégés par des matelas, tentent de monter à l'échelle jusqu'au mirador de laporte Est. Toutes ces tentatives sont repoussées. Du coté des détenus il y a unmort - Louis Aulagne - deux blessés graves et trois blessés légers. On compteun tué et un blessé parmi le personnel pénitentiaire et seize blessés parmi lesforces de l'ordre.Vers 21 heures, les troupes d'occupation venuesd'Agen encerclent la centrale, munies de pièces d'artillerie. Vers minuit,l'état-major des détenus, installé dans le poste de garde du bâtimentadministratif, tente de parlementer plusieurs fois par téléphone avec lapréfecture, demandant au préfet de les laisser sortir, en arguant de laqualité des otages qu'ils détiennent. C'est Auzias qui dirige ces négociationsavec la préfecture afin d'obtenir une reddition acceptable. On libère alors ledirecteur Schivo qui confirme le traitement correct dont il a été l'objet etrelaie la demande des détenus auprès des autorités. Il est ici intéressant designaler que tous les témoins insistent sur l'attitude particulièrement veuledu milicien qui, craignant pour sa vie, tentera de se justifier par toutessortes d'attitudes mensongères, tout en faisant état de sa qualité d'officierfrançais. Vers trois heures, le commandant des troupes allemandes lance unultimatum donnant aux révoltés un quart d'heure pour se rendre sans condition,faute de quoi la centrale sera bombardée. Les détenus demandent alors, par l'intermédiairedu directeur, un délai d'une heure pour regagner leurs dortoirs et déposer lesarmes (temps également nécessaire pour faire disparaître un certain nombre depapiers compromettants), celui-ci ayant donné sa promesse d'officier qu'il n'yaurait pas de représailles. Ce délai est refusé. Conscient que la poursuite descombats se solderait par un échec, les détenus libèrent les otages, abandonnentleurs armes(onze mitraillettes et huit grenades) et regagnent leursdortoirs: il est environ quatre heures du matin.


D'après l'ouvrage de Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007.

Bande-son du 33 tours « Eysses, de la Résistance à la Déportation »
Musée de la résistance en ligne (2025)
Top Articles
Latest Posts
Recommended Articles
Article information

Author: Lidia Grady

Last Updated:

Views: 6337

Rating: 4.4 / 5 (65 voted)

Reviews: 88% of readers found this page helpful

Author information

Name: Lidia Grady

Birthday: 1992-01-22

Address: Suite 493 356 Dale Fall, New Wanda, RI 52485

Phone: +29914464387516

Job: Customer Engineer

Hobby: Cryptography, Writing, Dowsing, Stand-up comedy, Calligraphy, Web surfing, Ghost hunting

Introduction: My name is Lidia Grady, I am a thankful, fine, glamorous, lucky, lively, pleasant, shiny person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.